Parce que nous avons besoin de comprendre les situations que nous traitons, FAP mène un travail de recherche sur les questions de l’enfance, des inégalités et de la pauvreté au Sénégal afin d’établir des diagnostics et préconisations, utilisés pour l’élaboration des programmes sociaux.
À Ziguinchor et plus largement en Casamance, certains thèmes de recherche ont longtemps concentré toute l’attention des programmes d’étude tels que les recherches portant sur les différentes facettes du conflit indépendantiste qui a opposé les rebelles du MFDC aux troupes gouvernementales.
Certaines questions d’ordre social, culturel ou économique n’ont jamais fait l’objet de programmes de recherche à proprement dits, et restent largement sous-étudiées malgré leur importance dans la région.
Cette pauvreté touche d’abord les enfants, et surtout les jeunes filles. En effet, on dénombre que 13,8% d’entre elles travaillent plus de 28h/semaine (ANSD, 2016) surtout comme employées de maison. Les « petites bonnes » constituent la face la moins connue du travail des enfants, car la moins visible aussi. Mais on sait, par de nombreux témoignages individuels, que ces emplois domestiques peuvent conduire aussi aux « pires formes de travail », leur caractère invisible laissant le champ libre à de nombreux abus, voire des situations d’esclavage. De plus, 32% des jeunes filles sont victimes de mariages précoces, dont on sait qu’ils sont causés par un facteur économique. De fait, les jeunes filles ayant un accès plus limité à l’école sont généralement les premières touchées par les situations de pauvreté et de vulnérabilité.
Le Sénégal a légiféré sur le travail des enfants et l’égalité femmes-hommes, mais les capacités actuelles des structures gouvernementales et la prévalence de normes encore très traditionnelles empêchent l’application et un plein respect des lois, en particulier dans les régions reculées comme la Casamance. Dans ce contexte, la protection et l’édification d’un avenir meilleur pour les enfants les plus vulnérables constitue un enjeu majeur.
Futur Au Présent agit de façon effective et structurante, afin de rompre les mécanismes de reproduction des phénomènes de pauvreté et d’inégalités.
Un premier levier est la mise en œuvre de ses programmes sociaux construits selon une démarche globale d’intervention sur les différentes dimensions de ces phénomènes. L’autre levier est la possibilité que l’association se donne de mener des travaux de recherche fondamentale susceptibles, par l’enrichissement des savoirs scientifiques et le plaidoyer auprès des acteurs institutionnels, de contribuer, au-delà des programmes sociaux menés, à des évolutions en profondeur des politiques publiques.
Les travaux de recherche ont une double finalité :
Les travaux de recherche sont conduits par une équipe qui rassemble des travailleurs sociaux, des enseignants-chercheurs, des étudiants doctorants et les membres de l’association chargés des études.
Les regards, connaissances et capacités d’expertise des uns et des autres se croisent à cette occasion et permettent d’analyser en profondeur les terrains concernés.
Les travaux conjoints travailleurs sociaux-chercheurs contribuent à l’élaboration des projets : depuis 2013, ils portent sur les inégalités dans le monde de l’enfance, en particulier celles qui concernent les travaux de recherche et d’action en éducation notamment l’école, le travail précoce, l’accès aux soins et les inégalités de genre. Les programmes Maison De l’Éducation, Employabilité et Formation des Jeunes, Amélioration des conditions de vie des personnes détenues au Sénégal, et leurs extensions prévues sont en partie fondés sur les résultats de ces études.
Ces travaux se poursuivent lorsque les programmes sont lancés. Ils visent à analyser leurs résultats – leurs forces et leurs faiblesses – tout en évaluant leur impact. Dans une démarche de transparence et de libre-accès à l’information, tous les rapports de capitalisation produits sont consultables sur le site internet de l’association.
Le collectif Refondation Solidarités réunit des chercheurs et des praticiens, avec pour perspective celle d’analyser et d’ouvrir le débat sur les conditions d’exercice des droits sociaux fondamentaux dans un monde où ils redeviennent précaires.
En 2021, Futur Au Présent a créé un partenariat avec le Centre d’Histoire Sociale des mondes contemporains, laboratoire rattaché à l’université Paris Sorbonne dans le cadre du projet Passerelle. En collaboration avec d’autres acteurs de la recherche et de la formation (Paris 8, l’IRTS, le CEDEPS), un séminaire mensuel est mis en œuvre pour rassembler des enseignants-chercheurs, des étudiants et des praticiens et réfléchir sur les pratiques d’accompagnement dans le travail social auprès des mineurs non-accompagnés